Je veux partager le pain avec les fous
(et autres textes)
Textes : Christine Lavant*
Voix : Mélanie Prochasson
Accordéon / Accordina / Matériau sonore : Alexis Palazzotto
* »Autrice autrichienne rongée par une grande fragilité physique autant que psychique, Christine Lavant (1915 – 1973) a construit peu à peu un travail puissant marqué par la spiritualité qu’elle vit comme une brûlure. Récompensée par de nombreux prix, son oeuvre est méconnue en France. « Je veux partager le pain avec les fous », petit recueil de poèmes inédits, incendiés par la foi, de chair et de sang (…) » (texte : programme Les Rugissants, la cave poésie)
A propos de la lecture, la critique de Romain Madoyan (Directeur adjoint de la Bibliothèque départementale de prêt, de Haute Garonne)
« Le choix de textes, m’a paru particulièrement cohérent. Leur ordre, également. Votre voix, bien posée et sans affèterie, sert parfaitement la poétesse. J’ai été personnellement très convaincu par la sobriété générale de la mise en scène, qui sied bien à ce que vous donnez à entendre. »
A entendre :
Agnus (répétition) :
Abwändigt hängt der Mond in Dunst (répétition) :
« Une dissension entre le cœur et les reins,
dans la rate un œuf de coucou.
Tout cela au service de mon dieu,
le dieu de substitution qui est presque vrai,
en tout cas un vrai persécuteur.
Interrogez les orbites de mes yeux,
interrogez la naissance de mes doigts,
mes reins, mes poumons
et mon larynx adulte.
Il lance à tous des coups d’épingles.
Coups de fouet, brûlures d’orties,
chacun reçoit équitablement sa part
à tout moment de la journée. »
A entendre :
Le Danube sale (répétition) :
Oh ! un chien qui pleure (répétition) :
A propos de la lecture, la critique de Cédric Demangeot (Editeur)
« Je me fais très volontiers le défenseur du spectacle présenté récemment par Mélanie Prochasson à la cave Poésie à Toulouse à partir du texte de Christine Lavant, Je veux partager le pain avec les fous, dont je suis l’éditeur en langue française. Ce spectacle m’a paru très réussi, à plus d’un titre. En tant qu’éditeur et auteur de poésie depuis deux décennies, je suis particulièrement conscient des écueils du genre et notamment, de ce que le passage de la poésie au théâtre ne va pas de soi, qu’il s’agit le plus souvent d’une opération délicate-voire, dans certains cas, périlleuse. Dans le spectacle de Mélanie Prochasson, un très juste équilibre est trouvé entre l’intériorité inaliénable du poème, qui est lu avec une grande précision d’âme et une grande pudeur, et la mise en extérieur qu’opère le théâtre : décor et costumes simples, mais immédiatement évocateurs ; jeu de scène très sobre, ponctuel, et néanmoins expressif, voire (à juste titre) expressionniste dans certains de ses emportements. De ce point de vue théâtral, je dois dire aussi que j’ai été frappé par ce fait, que le personnage créé par Mélanie Prochasson est d’une très grande ressemblance physique avec les photographies que nous connaissons de l’auteur, Christine Lavant (1915-1973). Ce détail contribue certainement pour une part au pouvoir de fascination de son spectacle.
La partie sonore est également importante et réussie, minimale dans ses moyens comme dans ses effets, elle a avant tout une fonction rythmique, mais aussi par moment une dimension symbolique, notamment lorsque le burin cogne la pierre jusqu’à la briser. Le spectateur y verra certainement une métaphore … de ce qu’il voudra : l’âme ? le coeur ? la vie ? La pierre comme le poème gardent leur mystère, afin que nous puissions à notre tour l’interroger dans son envol, ou nous cogner la tête contre son mur. La poésie de Christine Lavant, remarquable autant par son aspiration spirituelle très vive, que par sa conscience brutale de la misère d’exister, est rendue dans ce spectacle avec une grande justesse et donne le sentiment de la vie. »
« si tu veux m’atteindre, il faut que, d’une formule très sacrée, tu conjures ma langue de pierre, car elle se rend neuf fois par jour aux enfers pour y brûler un mot. »
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