Les mots à la pelle c’est un atelier d’écriture animé par Aurélie Guilbaud qui m’a proposé de m’emparer des textes produits au cours de l’année 2016 avec son groupe de huit auteures (toutes des femmes !) et d’en proposer ma lecture.
A partir du corpus que m’a livré Aurélie (19 textes), je me suis donc amusée à couper, coller, rabouter et m’approprier ces univers pour en construire une petite forme légère aux accents parfois sombres.
J’ai agencé les textes (et souvent changé ou proposé une ponctuation) dans un ordre qui faisait sens par rapport à mon interprétation mais je n’ai rien réécrit. J’ai également intégré (puisque c’était une demande d’Aurélie) les consignes et contraintes d’écriture à ma proposition, afin de donner une idée du processus de création. Enfin, j’ai proposé le tout sous la forme de quatre mouvements ou chapitres dont j’ai donné une lecture / interprétation / mise en espace à la Part du Hasard, derrière le comptoir.
Ce court extrait est composé des textes de trois personnes différentes.
Elle effaçait le tableau noir et on lui disait qu’elle n’était pas transparente.
Elle efface tout : efficace. Et repasse. Jusqu’à ce que la surface disparaisse.
Elle connait si peu son visage … Pourtant si familier : : des lignes, un nez ! Effacer ses sentiments jusqu’à les rendre transparents : ses appâts dérisoires ne faisaient plus recette !
La veille elle s’était déridée. Son regard sombre s’était laissé allé un instant : d’aucun aurait pu y déceler une pointe de douceur passagère …Ses lèvres fines s’étaient étirées au plus loin de leur course pour offrir un léger sourire Sitôt dissipé !! Calme toi, l’âge t’a rattrapé !
La lumière, les lignes, les formes, les nuances, le lavis, la vie
Elle pouvait bien miauler comme une vulgaire chatte de gouttière, avait-elle eu seulement le moindre charme ?
Elle envisage
Elle s’envisage
Se dévisage
Elle éprouve un peu ses limites mais c’est à peu près tout.
Frôlant le long du port les containers humides, seul un lavis noirâtre lui tient lieu de reflet.Une épave qui se promène, l’oeil brillant …
Dans les flaques un semblant de face ondule. Une mouette ricane.
Une nuit elle prit entre ses mains son visage, plongea son oeil inquisiteur dans ses pupilles pour en sonder le fond : Qu’allait-elle remonter dans ses filets ? Un peu d’espace ? Trois coquillages ? Quelques poissons ?
Des pelletées de goémon !