J’aime bien les transports en commun
Curieux cette sensation d’avancer alors que l’on est parfaitement immobile
Le paysage défile en même temps qu’il nous aspire
Course des corps projetés vers une matrice qui les avale
C’est souvent là que naissent mes chroniques
Ça doit aider à pondre les mots
A les rassembler
A les aligner en traverses entre deux rails
Comme une échelle infinie posée à plat sur la peau du monde
Qu’on y prête un peu l’oreille et ça cahote ternaire
Ça souffle aussi
Souffle et peau
Soufflets / peaux
……….. Soufflets / peaux ……….. Soufflets / peaux………
Nous nous sommes rencontrés sur les rails de nos jeunesses parallèles
Mes soufflets sur ses peaux
Soufflets / peaux ……….. Soufflets / peaux ……….. Soufflets / peaux
Et ça a duré dix ans
Vous avez remarqué comme une empreinte sonore
Peut vous travailler au corps jusqu’à l’obsession
Soufflets / peaux ……….. Soufflets / peaux ……….. Soufflets / peaux
Jusqu’au jour où elle semble s’être perdue dans une de nos gares intimes
On ne l’entend plus mais elle respire encore
Un peu comme ces vieilles locomotives à l’arrêt
Qui recrachent régulièrement la vapeur
Vous dire ses peaux
C’est évoquer, l’animal, le métal, le bois, la terre
Vous dire comment il les fait sonner
C’est convoquer le tremblement des feuilles
Le martellement du mil, le claqué des bambous
La rondeur de la jarre
Le tintement du triangle, le coassement du guiro
Le frappé des congas
La course des doigts sur la derbouka
Le toucher orgueilleux du cajon
La sécheresse du djembe
Et tous les sons subtils qu’il tire de tous les petits objets subtils
Qu’il agite, pince, caresse, percute
Soufflets / peaux ……….. Soufflets / peaux ……….. Soufflets / peaux
Mes soufflets sur ses peaux